Tribune
Depuis le début de la première mandature d’Anne Hidalgo, en 2014, les prix de l’immobilier à Paris ont massivement augmenté : + 3 000 euros par mètre carré en 7 ans, soit une hausse de 30 % ! Résultat : 12 400 habitants quittent la capitale chaque année, de manière constante depuis 2014.
La Ville fait évidemment peser la responsabilité de cette fuite sur la seule loi du marché immobilier, ce qui évite toute remise en question car, s’il y a un spéculateur dans l’affaire, c’est d’abord Anne Hidalgo. L’effet d’éviction immobilière provoqué par la préemption à prix d’or de logements raréfie l’offre privée. Conjuguée à une forte demande sur un marché où l’offre est saturée, cette politique contribue évidemment à faire monter les prix de l’immobilier.
Politique du tout-HLM, destruction de la mixité
Cette augmentation massive de l’offre de logements subventionnés en faveur des catégories les plus défavorisées se fait en réalité au détriment des classes moyennes. Depuis 2014, deux tiers des logements sociaux réalisés ne sont que la transformation de logements libres en logements sociaux, rarement justifiée par la réalisation de travaux lourds. Les immeubles repris à la hâte par des bailleurs sociaux sont brutalement vidés de leurs habitants, priés d’aller se reloger ailleurs.
Pour autant, la situation des demandeurs de logement ne s’est pas pour autant améliorée. Il ressort que 68 % des Parisiens sont éligibles au logement social, toutes catégories de financement confondues. En 2020, on recensait près de 260 000 ménages inscrits en demandeurs de logement à Paris, dont 135 000 ménages parisiens, pour moins de 2 000 logements sociaux réellement construits.
La politique de la Mairie de Paris, en apparence très sociale, détruit en fait toute mixité pour des immeubles et des quartiers entiers, principalement dans le centre et le Nord-Est parisien. Finalement, les classes moyennes paient trois fois la note : en subissant la hausse des prix de l’immobilier, en voyant leurs impôts locaux augmenter avec l’explosion de la taxe foncière et en se faisant exclure de l’offre de logements publics…
Avec la socialisation du marché de l’immobilier dans une ville attirant une clientèle de plus en plus internationale, seuls les plus aisés et les plus aidés pourront bientôt se loger dans Paris, empêchant les classes populaires et moyennes de s’y ancrer durablement. Est-ce cela, la vision de la « ville du quart d’heure » d’Anne Hidalgo ?
Loger mieux
La capitale n’a pas vocation à loger tout le monde, tout simplement parce qu’elle ne le peut pas. Il faut renoncer à la politique du chiffre pour loger mieux et pour loger ceux qui font vivre Paris. Améliorer les conditions de vie des Parisiens, c’est donner la priorité à la rénovation du patrimoine des bailleurs sociaux, dont les caisses ont été vidées par la cavalerie budgétaire des loyers capitalisés. Les Parisiens ont besoin de programmes de logement mixtes, d’espaces verts et d’un espace public rationalisé.
Construire une réelle politique publique du logement, c’est d’abord encadrer le droit de préemption et recréer un lien de confiance avec les investisseurs et les propriétaires privés sur qui la Ville va pourtant faire peser une épée de Damoclès en intégrant dans la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de nouveaux outils contre-productifs : l’accélération de la préemption de propriétés privées pour développer uniquement du logement social avec 1 000 nouveaux pastillages et conditionnement de production de logements pour tous travaux de rénovation de bâtiments tertiaires.
La maire de Paris tente de justifier sa politique du tout-logement social en expliquant que « Paris a toujours été une ville dans laquelle les gens passent ». C’est faux. Paris peut être une ville où les gens vivent, s’attachent, grandissent, en relançant l’accession sociale à la pleine propriété à laquelle Anne Hidalgo a mis fin avec les suppressions du « prêt Paris logement 0 % » (PPL 0 %) et du « prêt parcours résidentiel » (PPR), prêts à taux zéro, sous condition de ressources, pour tous les locataires du parc social ou privé souhaitant devenir propriétaires primo-accédants.
Penser plus grand
Nous devons enfin cesser de poser le problème du logement uniquement à l’échelle de Paris, ville déjà très dense, et porter une forte réflexion sur le logement à l’échelle du Grand Paris, en lien avec les réflexions en cours sur le cadre de vie, les mobilités, mais aussi les activités économiques, pour concentrer nos efforts sur le maintien des classes moyennes et des familles dans la capitale.
À travers le PLU parisien et la compétence de coordination des politiques locales du logement par la métropole, ceux qui sont aux responsabilités disposent d’outils dimensionnés pour relever ces défis. C’est en ce sens que nous ferons plusieurs propositions lors des débats sur la révision du PLU de Paris, au mois de juin.