Tribune

L’éducation à Paris sous le signe de l’austérité

Groupe Changer Paris
date icone16.09.2024

Effectuée il y a deux semaines, en plein milieu des Jeux paralympiques, la rentrée des classes de septembre 2024 est presque passée inaperçue, tant l’euphorie de la compétition a capté l’attention.

Pourtant, cette rentrée aurait mérité qu’on s’y intéresse un peu plus tant elle a été ternie par la fermeture nette de 134 classes dans le secteur public à Paris. Entre 2014 et 2022, ce sont 26 établissements publics qui ont fermé. C’est la conséquence démographique de 10 années au cours desquelles au moins 123 000 Parisiens ont fui la capitale, principalement des familles, exaspérées par la dégradation de leur cadre de vie.

Comment leur en vouloir, quand à Paris les jeunes parents se trouvent dans l’angoisse d’obtenir une place en crèche pour leur nouveau-né, en raison de la baisse de 15% du nombre de berceaux disponibles, faute de personnel ? Comment ne pas s’indigner avec eux, quand on sait que la Ville a diminué de 42% les investissements dans les crèches, garderies et structures d’accueil ?

Une baisse de 48% des investissements

Si seulement, le parcours du combattant s’arrêtait là pour les familles parisiennes… mais l’offre périscolaire est elle aussi chaotique. D’un arrondissement à l’autre, la qualité de l’accompagnement est variable. Les animateurs, dont 91% se déclarent insatisfaits de leurs conditions de travail, sont régulièrement en grève et demandent notamment de meilleures formations pour garantir un encadrement adapté à toutes les classes d’âge.

Quand ce n’est pas le temps périscolaire et le manque de personnel qui préoccupent les parents, ce sont les conditions matérielles d’accueil qui se révèlent mauvaises. Comment accepter en 2024 que dans une école maternelle du XXe, la chaudière ait été en panne plusieurs semaines, laissant les enfants dans des classes à 11,5°C ? La baisse de 48% des investissements de la Ville, depuis 2014, dans l’enseignement du premier et second degré n’y est pas étrangère! C’est à se demander quelles sont les priorités de la municipalité et à quoi ont bien pu être affectés les 62% d’augmentation de la taxe foncière en 2023!

Les écoles privées pénalisées par la Ville de Paris

Face à cette situation, les familles parisiennes qui peuvent se le permettre n’hésitent plus à inscrire leurs enfants dans des écoles privées. Mais cela va devenir de plus en plus difficile, car plusieurs de ces établissements, confessionnels en particulier, ont été désignés comme « emplacement réservé » dans le premier projet de PLU la Ville, ce qui pourrait y empêcher la réalisation de travaux d’agrandissement, nécessaires pour accueillir de nouveaux élèves. D’autres se voient couper leurs subventions par la municipalité. Cela ne manquera pas de pousser de nouvelles familles hors de Paris.

Enfin, lorsque votre enfant a eu la chance d’échapper à tous ces obstacles au cours de sa scolarité, il y en a un auquel il ne pourra pas couper : Affelnet. Ce dispositif d’affectation des collégiens au lycée, promu et défendu par la Ville de Paris, ne tient presque pas compte des résultats scolaires, et du mérite des élèves préférant s’appuyer principalement sur des critères socio-économiques pour les répartir. Comment accepter que notre système puisse ainsi pénaliser les élèves méritants, à travers un algorithme opaque ?

Cette situation, comme la fuite des familles, sont le fruit de la politique irresponsable de la majorité d’Anne HIDALGO! Crèches, écoles, collèges ou encore périscolaire : tous les secteurs sont en tensions, sans que jamais la municipalité ne daigne y remédier. Ses préoccupations semblent être ailleurs, comme en témoigne la chute abyssale des financements alloués au champ éducatif depuis 2014. La fermeture des classes, consécutive au départ des familles de Paris, ne peut justifier cette baisse continue des investissements. En effet, ces sommes auraient pu être affectées à la rénovation des établissements et à l’amélioration de l’offre pédagogique.

Revaloriser les métiers de la petite enfance

Au groupe Changer Paris, nous voulons assurer une continuité du service public dans les crèches et les services périscolaires en période de grève. Cela doit devenir une priorité pour conserver toutes les familles à Paris. Elles n’ont pas à être victimes des crises sociales et doivent pouvoir concilier leurs responsabilités professionnelles et leurs vies familiales.

Les métiers de la petite enfance traversent une véritable crise de vocation. Pour les rendre à nouveau attractifs, il est essentiel de revaloriser ces professions, tant sur le plan de la reconnaissance que des conditions de travail. Un cadre de travail agréable et serein permettra d’assurer que nos enfants soient accompagnés par un personnel motivé. Ainsi, nous réclamons, entre autres, la titularisation des ASEM contractuels à temps plein, une clarification de leurs missions, des formations adéquates, ainsi que des possibilités réelles de mobilité et de promotion, tout en leur permettant de bénéficier de la prime REP/REP+.

Nous souhaitons également renforcer les activités éducatives du périscolaire en recrutant des animateurs qualifiés et en améliorant leur quotidien. Nos animateurs sont épuisés, et il est urgent de leur apporter des réponses adaptées. Cela permettra également d’offrir à nos enfants des expériences toujours plus enrichissantes et stimulantes. Depuis des années, notre groupe demande notamment au Conseil de Paris de limiter le recours aux vacataires, de les accompagner vers la titularisation, d’augmenter le nombre de postes de concours pour les animateurs, et d’élargir l’accès aux formations BAFA. Malheureusement, nos demandes sont systématiquement rejetées par l’Exécutif municipal.

Mettre fin aux injustices d’Affelnet

Pour nos écoles, nous demandons également un bilan de la réforme des rythmes scolaires, afin d’évaluer sérieusement le bien-être et l’apprentissage des élèves, ainsi que la hausse des investissements pour les enseignements de premier et second degrés.

Concernant nos collèges, nous réclamons une réforme urgente d’Affelnet, où les résultats scolaires seraient davantage pris en compte, pour que la méritocratie retrouve sa place au cœur de l’éducation parisienne. Nous réitérons également notre souhait que la Ville, en coordination avec l’Académie de Paris, améliore l’information des collégiens et de leurs familles sur le processus d’affectation dans les lycées, en rendant notamment plus transparents les critères et les modalités utilisés.

Nous voulons de surcroît que soient définitivement retirés du PLU qui sera voté cet automne les « emplacements réservés » sur les établissements scolaires, afin qu’ils puissent continuer à accueillir de nombreux jeunes Parisiennes et Parisiens.

C’est en maintenant un niveau d’exigence accru dans l’ensemble des secteurs du système scolaire et périscolaire, en rehaussant le niveau des investissements, en mettant l’accent sur la qualité du travail des agents, en procédant à un recrutement rigoureux et en assurant une surveillance constante du bon fonctionnement du système éducatif parisien que nous offrirons à nos enfants toutes les chances d’accéder à leurs rêves!

Au quotidien, notre groupe continue de se battre pour améliorer les conditions d’accueil de nos enfants, et plus largement encore à la constitution d’un vaste rassemblement de tous ceux qui veulent vraiment changer Paris lors des élections municipales de 2026.

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