Tribune

Pays de l’exception culturelle, la France ne doit pas devenir le pays de l’exclusion culturelle

Groupe Changer Paris
date icone10.02.2021

Tribune collective publiée dans Marianne, le 10 février 2021

En Italie, en Espagne, en Belgique, au Luxembourg, en Pologne ou encore dans les plus grandes villes des États-Unis, les lieux culturels rouvrent : c’est un nouveau souffle, un nouvel espoir, pour ces pays tout aussi touchés par la pandémie.

En comparaison, la France envoie chaque jour qui passe un signal toujours plus intolérable à l’ensemble des artistes, techniciens, et autres acteurs de la culture. Plus de 100 jours sans musées, sans monuments, sans cinémas, sans lieux de spectacles vivants. Plus de 100 jours, malgré les appels à la réouverture de plus en plus pressants, venant de toutes parts.

Une immense détresse tenaille l’ensemble des domaines culturels privés de perspectives. Cette détresse, c’est aussi celle de nos enfants, de nos étudiants et de nos concitoyens les plus précaires, à l’équilibre de vie toujours plus fragile et dégradé. Cette détresse, c’est enfin celle de tous les Français, éprouvés par les règles sans cesse changeantes d’une gestion kafkaïenne des mesures barrières – pour ne pas dire orwellienne, les vérités du jour étant parfois l’inverse de celles de la veille ou du lendemain. Une gestion qui renvoie les aspirations de l’esprit – évasion, socialisation, imagination – au rang des besoins non-essentiels.

“L’État fait passer un message mortifère pour la culture”

Pays de l’exception culturelle, la France ne doit pas devenir le pays de l’exclusion culturelle.

L’État fait passer un message mortifère pour la culture, totalement à l’arrêt, alors que commerces et transports en commun, bien plus fréquentés et exposés à la circulation du virus, restent ouverts. Les lieux culturels doivent apprendre à vivre avec le virus. Alors que les vacances d’hiver débutent, il est encore temps de donner aux établissements la possibilité d’organiser une saison « culturelle et apprenante ».

Les musées travaillent activement à l’amélioration de leur protocole sanitaire et sont prêts à mettre en place des jauges encore plus contraignantes. Les grandes salles de concerts, dont certaines sont fermées depuis bientôt un an, ne demandent qu’à faire des expérimentations, à l’image de ce qui se fait déjà en Espagne. Le gouvernement a pourtant refusé une telle initiative de la Seine Musicale, qui proposait de faire participer 1 500 volontaires « testés, masqués et distanciés » à la prochaine cérémonie des Victoires de la Musique. Quant à l’idée d’organiser le plus grand concert test en situation réelle à l’Accor Arena, qui accueillerait jusqu’à 5 000 personnes, elle n’est pour le moment qu’à l’état de projet. C’est dommage, car l’ensemble du secteur culturel, et bien au-delà, bénéficierait des retombées de telles expériences.

“Ne manquent plus que la détermination et le courage politique”

Face à ce volontarisme et au-delà des effets d’annonce, Rachida Dati et les élus du groupe Changer Paris regrettent que le ministère de la Culture n’offre toujours pas de réponse concrète, ni de date butoir en vue d’une reprise, même modérée. L’incertitude et l’attentisme ne permettront pourtant pas de mettre en place ce « modèle résilient » et apportant des garanties sur le plan sanitaire, que nous attendons tous. Le temps des actions concrètes est venu. Ne manquent plus que la détermination et le courage politique.

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